Phrenological bust by LN FowlerPhrenological bust by LN FowlerThe History of Phrenology on the Web

by John van Wyhe


Gall, F. J., & Spurzheim, 'Crâne', Dictionnaire des sciences médicales, vol. 7, Paris, 1813, pp. 260-266.


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CRÂNE, s. m., cmnium, dérivé de xp«w, casque, ou de jtapmr, tête. Cette expression a un sens plus ou moins étendu : quelquefpis ce mot désigne toute la partie osseuse de la tête. Nous entendons par crâne la boite osseuse qui renferme le cerveau.

Les principales considérations relatives au crâne nous paraissent être sa formation, son épaisseur, sa forme et sou extension.

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Dans les premiers temps de la conception, le cerveau existe avant qu'il y ait des parties osseuses ; il est couvert de quatre ,,membranes, de la pie-mère, de l'arachnoïde, de la dure-mère et d'une membrane cartilagineuse. Dans cette dernière membrane, l'ossification commence à se faire par duTérens points desquels partent des rayons qui vont toujours en divergeant; ces rayons se joignent successivement les uns aux antres, se soudent et forment des os dont les extrémités s'engrènent entre elles, ce qui forme les sutures. On compte ordinairement huit os qui composent la boîte osseuse du cerveau : l'ethmoïde, le frontal, qui au temps de la naissance est encore divisé en deux, les deux parie'taux, les deux temporaux, lesplip-iioïde et l'occipital. Les restes de la membrane cartilagineuse non ossifiée et appréciable entre les angles des os, sont connus sous le nom de fontanelles. A mesure que les années augmentent, les rayons s'engrènent d'une manière solide, le» fontanelles disparaissent, et le crâne forme une boîte solide.

Dans la structure ou formation du crâne, il faut encore dis-. tinguer deux tables, c'est à dire, une extérieure et nne intérieure, et une substance spongieuse ou le diploé qui sépare ces deux tables : ces trois parties se distinguent mieux dans le crâne des adultes que dans celui des enfans.

Par rapport à l'épaisseur des crânes, il faut remarquer qu'en général les crânes des enfans et des jeunes gens sont plus minces que ceux des adultes, et que, dans les vieillards, ils deviennent ordinairement plus épais, mais en même temps plus spongieux. Quelquefois les têtes des vieillards deviennent extrêmement minces, soit seulement en différens endroits, soit dans toute ftur étendue, de sorte que le moindre choc pourrait enfoncer les os et tuer urf homme. Les crânes des aliénés furieux et des suicides par mélancolie, sont, pour la plus grande partie, plus épais et plus durs, et, s'ils ne sont plus épais, ils sont souvent d'une dureté égale à eelle de l'ivoire. Les vieux idiots de naissance ont souvent le crâne plus épais, mais moins dur.

Il nous reste encore à traiter de la forme et de l'extension dit crâne. Est-il plus vraisemblable que la forme du crâne, qui est dur, est déterminée par le cerveau q^ui est mou, ou que le cerveau prend la forme du rrânc?

Dans cette -considération, il ne faut pas confondre les lois de l'ossification avec la forme du crâne. Certes, la séparation de la matière osseuse ne dépend pas du cerveau; mais la matière osseuse du crâne est de'posée d'après la forme du cerveau, et c'est le cerveau qui commande la forme du crâne.

D'abord, dans le fœtus, comme nous avons déjà dit , le cerveau existe avant le crûuc, et l'ossification se fail (hui* la

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membrane cartilagineuse, d'après la forme du cerveau qu'elle enveloppe; il est donc e'vident que les diffe'rentes formes qu'on observe dans les crânes de fœtus, sont le re'sultat des ctiffe-rentes formes de leurs cerveaux.

Mais à la naissance, la forme de la tète ne peut-elle pas être changée, par suite d'un accouchement laborieux, ou des manœuvres inconsidérées des sage-femmes ?

Quoique la tète du fœtus, comprimée par un accouchement laborieux, cède un peu, la nature a cependant pris des précautions admirables pour assurer la conservation du cerveau. La dure-mère qui enveloppe cet organe est fortement attachée au crâne, et empêche les os de chevaucher beaucoup : les prolongemeus de la dure-mère, connus sous le nom dé faix et lentorium, contribuent e'galemcnt à garantir les parties cérébrales. Le crâne présente une voûte, forme qui oppose la plus grande résistance; les os du crâne sont flexibles où-élastiques : enfin le cerveau lui-même est un corps vivant, et" son élasticité naturelle est agitée par le mouvement continuel d'élévation et d'abaissement que la circulation du sang lui communique ; par conséquent une compression passagère qui n'agit pas trop violemment ne change pas la forme que l'organisation primitive a décidée; une très-forte compression dérangerait l'organisation, et une compression moins forte, mais permanente, imprime bien une forme non naturelle au cerveau, mais c'est toujours aux dépens de ses fonctions; car les organes dont le cerveau est composé sont gênés dans leur développement , et souvent alors les individus- sont rendus idiots.

Depuis la naissance jusqu'à l'âge adulte, la tête change encore de forme, et c'est toujours le cerveau qui cdmmande la forme du crâne. D'ahord., en générkl, la cavité intérieure du crâne s'agrandit, par conséquent la voûte osseuse cède : d'un autre côté, les parties cérébrales ne se de'veloppcnt pas à la fois, et ce développement partiel se décèle dans le crâne. Par exemple, le front qui est étroit, aplati, resserré, à la nais-snncc, s'élargit, se bombe en avant depuis l'âge de trois mois jusqu'à huit a dix ans. Mais, après cette époque, cette partie de la tête devient moins volumineuse, proportionnellement aux autres parties. Le cou des enfaus est très-mince, car le cervelet, dont le développement ne se fuit que plus tard, est logé dans les fosses occipitales inférieures, et à mesure qu'il devient plus volumineux, le crâne proémine extérieurement : il en est de même de toutes les autres parties cérébrales qui se développent successivement.

Quelques-uns ont expliqué mécaniquement cet agrandissement du crâne par l'action du cerveau ; mais ce phénomène tient à ce que les parties de notre corps changent .continuelle-

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'ment j qu'elles sont sans cesse composées et décompose'es ; "que la matière qui en fait la base aujourd'hui est rejetée au dehors par les excrétion», et qu'une autre matière que l'alimentation fournit, vient la remplacer. Le corvcau et le crâne offrent cette composition et cette décomposition comme toutes les autres parties du corps j et, par suite de l'harmonie que la nature a voulu établir entre ces deux parties, le cerveau, dans la suite des ans, commande les directions nouvelles dans lesquelles la nutrition du crâne doit se faire, de même que, dans le principe, il avait commande' son ossification primitive : le cerveau devenant d'une dimension plus grande, il force l'ossification du crâne à se faire sur de plus grands contours.

Dans la vieillesse avance'e , les parties cérébrales diminuent successivement} les circonvolutions qui étaient très-bombées, très-rcmplies, s'affaissant, ne sont plus autant rapproche'esles unes des autijes; et à mesure que le cerveau revient à des dimensions plus petites, il force aussi le crâne à-diminuer de volume, par la même loi que celle que nons venons d'indiquer pour la nutrition. Ordinairement c'est la table interne seule qui . obéit à ce changement, et elle se trouve seulement plus e'carte'e. Nous avons vu plusieurs tètes qui laissent voir manifestement cette disposition. Dans ces têtes, le plancher orlntaire, qui ordinairement est très-mince et transparent, est composé de deux tables fort e'cartées, dont l'es;lerne a la direction accoutumée , tandis que l'intcruc qui diminue beaucoup la cavité du cerveau, est évidemment le produit de la nouvelle direction dans laquelle lu cerveau, diminuant de volume, a déterminé l'ossification.

Il résulte de cette disposition des âges, relativement aux changemcns qu'ils amènent dans le cerveau et dans le crâne, que la forme de celui-ci est toujours une image à peu près exacte de celle du cerveau, à l'exception de la vieillesse et de la décrépitude.

L'état maladif du cerveau prouve également notre assertion relative à la forme <îu crâne. On ne rencontre jamais un crâne vide de cerveau. Si dans les idiots de naissance le cerveau est entravé dans son développement, le crâne ne se développe pas non plus; au contraire, si le cerveau est distendu parmi amas d'eau accumulée dans les cavités cérébrales, le crâne participe de cette extension,, soit en générai, soit à des endroits particuliers.

La résistance du cerveau et son influence sur la forme d«. crâne, est encore démontrée par les tumeurs fongueuses de la dure-mère, où les os sont détruits et percés pour laisser les tumeurs paraître en dehors. Par conséquent, tout concourt à, prouver que c'est la forme du cerveau qui commande celle d crâne, et qui détermine la direction dans laquelle se fait l'os?i-. fication.

Cependant nous ne nions pas la possibilité' que, dans certaines maladies, l'ossification du crâne puisse être primitivement dérangée, et que cette altération du crâne soit transmise au cerveau, tî entrave son développement5 mais dans ces cas , les fonctions du cerveau sont inévitablement troublées.

II y a encore plusieurs autres manières d'expliquer la forme du crâne. Nous allons réfuter les deux plus importantes.

Ackermann, professeur à Heidelberg, a prétendu que le* sinus frontaux d hommes, et les cellules entre les deux tables des crânes des animaux, sont produits par l'inspiration de l'air ' atmosphérique; mai» quelques considérations démoutrerout l'inexactitude de cette opinion.

1°. Pour pouvoir attirer l'air intérieurement, il faut supposer un creux entre les deux tables du crâne : ce creftx, comment a-t-il été prodiût ?

2°. Supposez que l'air, attire' par l'inspiration, soit échauffe' et répandu: mais n'est-il pas plus vraisemblable que l'air, dans son état d'expansion, sorte plutôt par la même ouverture par laquelle il a été inspiré, qu'il n'agisse avec violence contre les parois des cellules 7

S'.Dans cette dernière suppposition,les cellules, ne devraient-elles pas être distendues en forme de vessies 7 Mais pourquoi sont-elles angulaires 7

4°. Toutes les cellules du crâne ne sont pas en communication les unes avec les autres.

5". Il y a des cellules dans l'intérieur des autres os, par exemple , dans la mâchoire inférieure, dans les os des quatre extrémités , même dans le fœtus : pourquoi ces cellules ne se formeraient-elles pas originairement entre les deux tables du crâne 1

6°. Enfin, l'opinion de M. Ackermann est une pure supposition ; rar il y a des individus qui mènent une vie sédentaire, et qui présentent de grands sinus frontaux, tandis que d'autres individus qui vivent toujours en plein air et courent beaucoup, n'ont point de sinus. II en est de même à l'égard des animaux : le bœuf et le cochon cnt des cellules plus grandes et plus nombreuses que le cerf, le chevreuil et le renne j par conséquent l'air inspiré ne peut pas être la cause de la forme du crâne.

Un grand nombre d'anatomistes, de physiologistes et de médecins , attribuent* à l'action des muscles qui sont attachés à l'extérieur du crâne, (es élévations que celui-ci offre dans s.t configuration extérieure.

II y a quelquefois des tumeurs osseuses qui ne sont le résultat ni de l'action du cerveau, ni de celle des muscles. Ce sonf, ou des excroissance* circonscrites, ou des élévations osseuses de

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différentes formes, -que la nature a destinées à l'insertion des muscles. La première sorte de tumeurs est produite par l'état maladif j nous avons traite' de la seconde sorte à l'article apophyse: ici, nous allons prouver que les muscles n'ont pas la moindre influence sur la forme du crâne. „

i °. D'abord, si les muscles déterminaient la forme du crâne, ils devraient agir dans la direction de leur insertion • les protubérances de l'occiput et des parties latérales de la tête devraient être dirigées en bas, et non en arrière, et latéralement.

2°. Il devrait y avoir une proportion entre la saillie de \rt protubérance et la force des muscles qui s'y insèrent, et c'tst re qui souvent n'a pas lieu j souvent des protubérances bieu marquées coïncident avec des muscles grêles, et vice versa. Les nègres, par exemple, qui ont les muscles masticateurs plus forts que les Européens, ont cependant la tête moins large* vers les tempes. Un animai carnivore, dont les muscles masticateurs sont bien plus forts que dans un animal frugivore, comme le démontre à la première vue l'étendue des arcades zygômatiques, offre également une moins grande largeur de la tête, vers l'insertion de ces muscles.

3°. Les muscles devraient agir sur la table extérieure du erâne, et les deux tables devraient être écartées, tandis qu'à des endroits où les muscles sont insérés, le rapprochement des deux tables est tel, que le crâne est transparent : les deux tables sont, au contraire, dans Tétât ordinaire, le plus écartées à des «ndroits où aucuns muscles ne sont insérés.

4". Si, dans la vieillesse et dans plusieurs maladies, le cranes'épaissit , et si les deux tables sont écartées, la table externe a la direction accoutumée, mais l'interne diminue la cavité cérébrale.

5°. Non-seulement lest protubérances du crâne devraient être en raison de la force des muscles qui s'y insèrent, mais encore d'autant plus saillantes que Faction ces muscles aujait-étfc plus longtemps continuée.

6°. Les muscles sont insérés, non à un seul endroit,'mais à une surface assez étendue qui, conséquemmcnt, devrait être toute tirée en dehors j or, les protubérantes ne représentent jamais les formes des points d'insertion des muscles, mais celle.-, des circonvolutions du cerveau.

7°. Il y a beaucoup de protuberances là où aucuns muscles ne s'implantent. *

8". Dans les ffcelufc, les mnScles n'agissent sûrement pas avec assez de ïorce pour déterminer les formes de leurs têtes qui cependant sont aussi différentes que celta des adultes.

9°. Dans les animaux, les cellules ne son! jamais avec l'action des muscles.

10°. Dams les animaux où les muscles sont places en dedans de la voûte osseuse du crâne, comme dans les tortues, ou bien, dans les parties de la tête où une semblable disposition existe, comme dans l'orbite, la tète devrait être petite, retire'e, et l'orbite rétréci.

Tous ces faits re'futent victorieusement la prétendue in-iluence des muscles sur la forme du crâne, et, par toutes ces considérations, nous croyons avoir de'montré que la forme du crâne est le résultat de la forme du cerveau.

(GALL et SPURZHEIM)


 

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