Phrenological bust by LN FowlerPhrenological bust by LN FowlerThe History of Phrenology on the Web

by John van Wyhe


Gall, F. J., & Spurzheim, 'Cerveau', Dictionaire des Sciences Medicales. vol. 4, Paris, 1813, pp. 447-9.


CERVEAU, s. m., cerebrum. Les idées sur ce qu'on doit proprement appeler cerveau, sont jusqu'à pre'sent treb-vagues. 'Quelques auteurs restreignent l'idée du cerveau aux. circonvolutions et aux hémisphères ; d'autres la bornent à l'ensemble de la substance nerveuse renfermée dans le crâne j d'autres encore , qui pensent que la moelle alongée et la moelle épi-nière sont une continuation du cerveau et du cervelet, appellent toutes ces parties d'un nom commun, masse encéphalique.

Pour éviter toute confusion d'idées et pour poser des limites plus marquées , nous appelons cerveau la masse nerveuse qui est surajoutée aux systèmes nerveux affectés aux rnouvemens volontaires et aux cinq sens extérieurs.

La doctrine du cerveau se divise en deux parties : 1°. anatomie, 2°. physiologie. Dans la première partie l'on considère la structure du cerveau , et dans la seconde on traite de ses fonctions. Comme l'organisation d'une partie quelconque précède ses fonctions, nous allons commencer par apprendre a connaître la structure du cerveau, et nous examinerons après quelles fonctions se manifestent à l'aide de cette organisation.

§ Ier. Anatomie du cerceau. La connaissance anatomiqiie du cerveau a marché le plus lentement, quoique depuis longtemps on soit convaincu &<,- sa haute importance. D'un côte, ces parties sont les plus délicates , et par conséquent les plus difficiles à examiner; d'un autre roté, on a mis en uSage une me'thode de dissection très-défectueuse ; on ne faisait que de§ -coupes horizontales, verticales ou obliques , par en haut

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ou par en bas , et on enlevait successivement des tranches de cet organe. De cette manière, on Commençait pal détruira les connexions des différens appareils , et on procédait sans égard pour l'ordre dans lequel les parties se suivent naturellement. On manquait entièrement de principes physiologiques propres à conduire par degrés les anatomistes à la connaissance des lois de ' l'organisation du système nerveux, eu géne'ral , et du cerveau en particulier. On ignorait que les fibres nerveuses dussent leur origine et leur renforcement à la substance grise , et l'on ne savait, par conséquent, d'où procédait le commencement du cerveau. Enfin, on avait négligé le mode du perfectionnement graduel des animaux, et l'on ne pouvait d après cela se faire aucune idée de l'ordre dans lequel les conditions matérielles de leurs qualités avaient été progressivement surajoutées dans leurs cerveaux, ce qui empêchait d'en faire la recherche anatomique dans un ordre conforme au procédé de la nature.

Toujours guidés par des vues physiologiques , nous avons créé une nouvelle méthode de disséquer le cerveau. Nous commençons l'examen de chaque partie par sa première origine, et en raclant nous suivons le cours et la direction; des fibres. De cette manière nous connaissons facilement les renforcemens successifs , les additions des nouvelles parties, et leurs connexions naturelles. Même pour les anatomistes qui n'ont qu'un but mécanique , cette méthode a le grand avantage de donner plus de facilité pour suivre la direction des fibres cérébrales, de connaître leurs formes , leur couleur , le degré de leur consistance et leurs connexions.

Tous les anatomistes et physiologistes modernes considèrent le cerveau comme l'origine des nerfs et la source de la moelle épiuière j mais les nerfs et la moelle épinière sont aussi peu des prolongemens du cerveau que celui-ci est une continuation de la moelle épinière. Toutes ces parties naissent et existent indépendamment les unes des autres. Les preuves suivantes ne laissent aucun doute de cette vérité.

1°. Le cervçau, les nerfs des Jcinq sens et ceux de la colonne vertébrale ne sont nullement en raison directe entre eux, ce qui devrait être, s'ils étaient des prolongemens l'un de l'autre. Le cheval, le bœuf, le cerf ont le cerveau beaucoup plus petit que l'homme, tandis que leurs moelles épi-•faières et leurs nerfs surpassent de beaucoup les mêmes parties de l'homme.

2°. La direction des fibres de ces parties prouve évidemment notre assertion. Voyez nerfs.

5°. Ces parties existent séparément l'une de l'antre; dans les animaux de l'ordre le plus inférieur, il y a des nerfs sans

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cerveau. Dans les monstres, des animaux parfaits manquejnc tantôt telle, tantôt telle autre de ces parties | il y a des montres sans tête ( Voyez .acéphale. ), et l'on connaît un -exemple d'une tête sans tronc. Transactions , tome lxxx , page 296.

4". Les nerfs augmentant en volume dans leur trajet, pourquoi le seul cerveau irait-il toujours en diminuant jusqu'à ne plus présenter dans son prolongement que la moelle «pinicre ?

Il re'sulte donc que le cerveau, les pre'tendus nerfs ce're'-traux et les systèmes nerveux de la colonne vertébrale ont leur existence pour eux-mêmes, et qu'ils sont seulement mis en communication entre eux.

Le cerveau, de même que les autres systèmes nerveux, consiste essentiellement en deux substances différentes : la substance grise et la substance blancbe.

La substance grise est pulpeuse, ge'latineuse , tantôt plus molle, tantôt plus ferme, plus ou moins blancbâtre, rou-•gcàtre, noirâtre, jaunâtre, sans organisation apparente. Elle contient une très-grande quantité' de vaisseaux sanguins. Plusieurs anatomistes la regardent même comme un tissu de vaisseaux sanguins très-fins ; mais Albinus, et. depuis, Sœm-merriog , ont prouve', par l'injection , qu'outre les vaisseaux, il y existe encore une substance propre , qui probablement •est sécre'te'e par ces vaisseaux. Plusieurs anatomistes pensent tju'elle est destine'e àse'créler un fluide nerveux. Nous la consi-iterons comme la matière nourricière de la substance blanche. JElle n'est nullement isole'e j elle est toujours inseparable de la substance blanche. D e'j à dans los vers , les insectes, les crus-tace'es, les mollusques, elle forme des ganglions d'où naissent des filarnens nerveux , et il n'existe jamais un filament nerveux qui ne tire son origine d'un amas proportionnel de cette substance ; dans les animaux plus parfaits, elle est tantôt ras-scmble'e en amas , tantôt elle accompagne les fibres nerveuses dans leur trajet.

Les opinions sur la structure de la substance blanche sont aussi très-nombreuses. Les uns ont enseigne' qu'elle est solide f d'autres ont pre'tendu qu'elle est tubuleuse ; quekp-ies-uns ont dit qu'elle e'tait absolument de'pourvue de v&îsseaux, d'autres ont avance' qu'elle eu «'tait entièrement cornpose'e ; beaucoup d'auteurs l'ont crue me'dullaire, peu ont dit qu'elle est fibreuse ; ne'anmoins, c'est là véritablement sa structure.

La preuve que l'on oppose à la structure fibreuse du cerveau, c'est que, lorsque l'on coupe sa masse , on n'y aperçoit aucune fibre j elle n'a , dit-on , paru fibreuse à quelques anatomistes qui l'ont dcchire'c , que par une conséquence de la

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traction et du tiraillement opérés sur une masse im peu coriace ; et quand même les filaniens se seraient réellement montrés d'uue autre manière, ce n'aurait été que par suite d'une préparation chimique ou d'une altération survenue après la mort.

Nous répondons à ces assertions arbitraires, qu'il est impossible, par des coupes nettes et lisses, de découvrir la véritable .structure d'une masse extrêmement fine et molle. On n'y réussit même pas de cette manière dans les parties où elle «st manifestement fibreuse j par exemple, dans le* pyramides , dans la protubérance annulaire, dans la grande commissure , et dans les régions antérieures et postérieures des cavités des hémisphères.

Dans Vhydropisie du cerveau, les fibres s'aperçoivent très-distinctement. Si en soufflant de l'air, ou en injectant de l'eau, on sépare les unes des autres les couches formées par ces fibres, on aperçoit ces fibres dans tout leur épanouissement. On obtient le même résultat, lorsqu'on fait bouillir dans l'huile le cerveau entier, ou quelques-unes de ses parties , ou qu'on les fait macérer dans de l'acide nitrique ou tnuriatique étendus d'eau ou d'esprit de vin. Si l'on racle la substance blanche dans la direction des fibres , on peut les suivre avec l'œil nu, jusque dans la substance grise des circonvolutions du cerveau j mais si l'on racle en travers ou obliquement, les fibres se dérangent de leur direction naturelle et se rompent visiblement. Si les fibres sont le produit d'une coagulation qui aurait lieu après la mort, comment arrive-t-il que des agcns aussi opposés que le sont l'eau dans l'hydropisie du cerveau , l'alcool, le vinaigre , la liqueur de Monro, les acides minéraux, t'huile chaude et même la gelée , agissent tous d'une manière uniforme ? Pourquoi la substance blanche se coagule-t-elle dans les circonvolutions en fibres qui s'y tiennent dans une position droite et perpendiculaire du fond au sommet ? Pourquoi dans d'autres parties se coagule-t-elle eu fibres horizontales circulaires, disposées en e'ventail, ou entrecroisées ? Pourquoi les fibres se forment-elles toujours de la même manière dans la même partie ?

La substance grise et la substance blanche varient par leur forme et par leur arrangement dans le cerveau; tantôt elles sont, pour ainsi dire, mêlées l'une avec l'autrej tantôt elles sont séparées j ici elles forment des masses épaisses , là des couches, ou bien elles affectent des conformations particulières.

On divise la masse du cerveau en deux parties principales : l'une supérieure et antérieur«, composée elle-même de deux

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hemispheres ; l'autre inférieure et postérieure , conlJgne ;m grand renflement de la masse nerveuse d'où il faut de'river là plupartdes nerfs cérébraux. Cette partie, dans les animaux pluis parfaits, étant en ge'néral plus petite que les deux he'mispïieres supérieurs, on lui a donne ic «om de cervelet, et les deux hemispheres supérieurs, pris ensemble, ont éië appele's cerveau.

Nous nous en tiendrons ici a un coup-d'œil général, sans nous engager dans une description minutieuse de chaque partie. ÎSotts renvoyons à notre grand ouvrage, tome i, ceux qui voudraient lirel'anatomïe du cerveau avec plus de détail.

Nous distinguons, dans le cervelet et dans le cerveau, doux ordres de fibres : les fibres divergentes et les fibres renlranles^ ou les appareils de formation et les appareils de réunion.

Cervelet. Le cervelet suivant immédiatement les systèmes nerveux de l'épine du dos et des sens , et étant la première des p ai ties intégrantes de la masse cérébrale, c'est par lui que nous commençons.

Dans les animaux d'un ordre inférieur et même dans les oiseaux, le cervelet est simple, mais toujours composé de deux moitiés. Chez les poissons et les reptiles, on ne voit aucune des divisions qui, dans la coupe perpendiculaire , présente l'arbre de vie. Mais chez les oiseaux, les anneaux et les sillons semi-circulaires sont très-visibles, et par le moyen de la coupe perpendiculaire de leur cervelet, on aperçoit une espèce d'arbre de vie.

Chez les'mammifères, la nature a encore ajouté de nouvelles parties latérales . de sorte que la première partie devient médiane , dénomination qui nous parait cependant moins bonne que celle de partie fondamentale, parce que dans les cervelets des poissons, des reptiles et des oiseaux, il n'existe point de parties latérales.

Dans la formation du cervelet, la nature suit toujours le Blême type. C'est pourquoi, dans le cervelet de l'homme , si compliqué et si parfait, on retrouve toujours l'ide'e première et la forme élémentaire de sa composition.

C'est de la substance grise placée dans l'intérieur du grand renflement au dessus des nerfs cervicaux , que naissent les premières racines visibles du cervelet. Ces racines forment en dehors des deux côtés du renflement, un faisceau fibreux J>lus ou moins fort, mais très-gros chez Fliornme. Ce faisceau grossit continuellement en montant. Près du cervelet, ïe nerf auditif et la substance grise, ce qu'on appelle le ruban gris , ou selon nous , son ganglion , sont couchés sur ce faisceau. Si l'on enlève îc nerf auditif et son ganglion , en raclant avec précaution eu en se servant du manche du scalpel, et s\ l'on suit la direction des fibres, ou voit distinctement le

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faisceau entier de chaque côté entrer dans l'intérieur de chaque hémisphère du cervelet. A peine y a-t-il pénétre' de quelques lignes, qu'il rencontre un amas de substance grise , avec laquelle il forme un tissu assez ferme , de sorte qu'il est impossible d'y poursuivre la direction des filamens nerveux. Ce tissu offrant un corps dentelé et irrégulier, les anatomistes l'ont appelé le corps dentelé , le corps ciliaire, le corps frange', le zigzag , corps rhomboïde. D'autres anatomistes ayant regardé cette partie comme la réunion de toute la substance blanche du cervelet, lui ont donne' le nom de noyau du cervelet.

Cependant la substance grise qu'il contient est, de même que 'toutes celles des autres systèmes nerveux, un appareil préparatoire destiné à renforcer les filamens nerveux quiy entrent ,par de nouveaux filets qui s'y engendrent. C'est par consé-4quent un point de naissance et de renforcement d'une grande partie de la masse nerveuse du cervelet et son véritable ganglion. En effet, plusieurs nouveaux faisceaux nerveux y prennent naissance, et, continuant leur cours , se ramifient en branches , en couches et en sous-divisions multipliées. Dans chaque point d'où sort une de ces branches principales, on voit une masse plus abondante de substance grise former une eminence. Il résulte ainsi un nombre de franges , de .dentsou de proéminences de cette substance, égal à celui dçs branches principales nerveuses.

Le faisceau originaire, le ganglion , les divisions et sous-.divisions^en branches , en rameaux et en feuilles, sont pour leurs dimensions en raison directe entre elles. La plupart des mammifères ayant le cervelet beaucoup plus petit que l'homme, ont aussi ce ganglion plus petit et moins visible j c'est pourquoi les anatomistes ont cru que les animaux en étaient totalement dépourvus.

Dans l'homme une des branches principales qui sortent du ganglion, se porte vers la ligne médiane et contribue avec sa branche congénère du côté opposé , à former la partie fondamentale du cervelet ( processus vermifarmis ), laquelle se sous-divise ordinairement en sept rameaux principaux. Les autres branches qui sortent du ganglion se dirigent en arrière, en haut, en bas et en dehors , et s'épanouissent en couches très-minces disposées horizontalement j celles du milieu sont les plus longues, et les autres d'autant plus courtes qu'elle« se rapprochent plus de l'endroit où le faisceau originaire entre dans le ganglion.

Les filets nerveux de toutes les divisions et sous-division* sont recouverts de substance grisç à leur extrémité périphérique.

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Si l'on fait passer une coupe verticale par le milieu du ganglion , on trouve ordinairement onze branches principales du cervelet , mais le nombre des divisions varie selon que la coupe se rapproche de l'intérieur du cervelet, ou qu'elle s'en. éloigne. Les couches filamenteuses, e'tant d'abord re'unies en branches assez grosses , et s'épanouissant ensuite en couches larges et en feuilles, présentent dans les coupes verticales une figure qui a beaucoup de ressemblance avec le feuillage du thuya ou arbre de vie , de là ce nom. Mais une coupe hori- -zontale ou transversale de ces branches, de ces rameaux et feuillets n'offre qu'une surface blanche.

Appareils de formation du cerveau. Le cerveau consistant en plusieurs divisions dont les fonctions sont totalement différentes, il existe plusieurs faisceaux primitifs qui, par leur développement, contribuent à le produire. Tousles faisceaux originaires sont composés graduellement de fibres produites dans la substance grise du grand renflement occipital (moelle alongée). Nous rangeons parmi ces faisceaux, les pyramide* antérieures et postérieures , les corps olivaires , et quelques autres situés à côte' des corps olivaires.

Tous ces faisceaux originaires du cerveau sont mis en communication et eu action réciproques avec les systèmes nerveux situés au dessous d'eux. Cette communication, par rapport aux pyramides antérieures , pre'scnte une particularité. Les autres faisceaux naissent, comme le faisceau du cervelet, du même côte'où ils doivent donner des parties du cerveau. Il en est tout autrement des fibres uerveus.es des pyramides antérieures. Celles qui naissent du côté droit dès le commencement du grand renflement, à peu près à quinze ligues au-dessous de la protube'rance annulaire , se réunissent d'abord en deux à cinq petits cordons , puis se rendent au côté gauche en suivant une direction oblique. De même les petits cordons du côté gauche se rendent au côté droit. Un îaiscpau passe ordinairement par dessus un autre, et par dessous un troisième , de sorte qu'il en résulte un entrelacement semblabl» à uûe natte de paille. Cet entrecroisement occupe un espace de trois à quatre lignes. Ensuite les faisceaux montent sur la face antérieure du grand renflement, en se renforçant graduellement dans leur trajet^ conséquemmciit ils sont plus larges à leur partie supérieure, vers la protubérance annulaire , qu'à leur extrémité inférieure, ce qui leur a fait donner le nom de pyramides. Quelquefois les fibres primitives , au lieu de, former un entrelacement semblable à une iialte de paille , présentent des bandes qui se rendent dans une direction oblique d'un côté à l'autre.

Cet arrangement organique explique pourquoi des le'sionî

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à la tête se transportent souvent sur le côte oppose' du corps j et parce qu'il n'y a qu'une partie du cerveau, c'est-à-dire, la continuation des pyramides antérieures, qui communique avec la masse nerveuse du corps jjar un entrecroisement, oa conçoit pourquoi la paralysie du corps produite par les lésions du cerveau , se manifeste ordinairement du côté opposé , et pourquoi il arrive aussi que les dérangemens du cerveau affectent le même côté du corps.

Immédiatement avant que les faisceaux pyramidaux en-treut dans la protubérance annulaire, ils sont un peu étranglés j mais à peine y ont-ils pe'nétré qu'ils se partagent en plusieurs faisceaux qui sont placés dans une grande quantité de substance grise , ' d-'où il sort beaucoup de nouveaux faisceaux qui su joignent aux premiers , et les renforcent durant leur trajet dans ce véritable ganglion. Quelques-uns sont disposés en couches, d'autres s'entrecoupent à angle droit avec des faisceaux transversaux qui viennent du «er-i vclet, et dont nous parlerons phis tard. Ils se prolongent en-montant , et sortent de ce ganglion^ si renforcés et si élargis qu'ils forment en avant et en dehors au moins les deux tiers des grands faisceaux fibreux (des cuisses) du cerveau.

Ces faisceaux antérieurs et extérieurs des pédoncules du " cerveau sont une continuation et un perfectionnement successif des faisceaux primitifs pyramidaux ; ils contiennent intérieurement dans toule leur longueur une grande quantité de substance grise -, ils acquièrent par là un renforcement continuel, parce qu'ir se joint toujours à eux-de nouvelles fibres. C'est à leur extrémité supérieure qu'ils reçoivent le plus grand accroissement, dans- l'endroit ou le nerf optique se contourne autour de leur surface extérieure : c'est dans la partie extérieure des corps cannelés ou striés.

Les filets nerveux et les faisceaux qui en sont formés s'écartent du grand faisceau an bord antérieur du nerf optique , au point où ce nerf est attaché par une couche molle au grand faisceau j ils se prolongent en filets de longueur inégale- qui s'épanouissent en couches dont les- extrémités sent couvertes dfc substance grise, et forment de cette manière plusieurs parties séparées, connues jusqu'à présent sous le nom de circonvolutions.

De cette manière , les faisceaux pyramidaux étant continuellement renforcés, et ayant atteint leur perfectionnement complet, s'épanouissent dans les circonvolutions inférieures , antérieures et extérieures des lobes antérieurs et moyens.

Il nous reste à parler de la formation du lobe postérieur et des circonvolutions situées- au bord supérieur de chaque hémisphère, vers la ligne médiane du cerv«au.

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" Le faisceau: qui sort des corps olivaires et quelques autres faisceaux postérieurs mon*ent, comme les faisceaui des pyramides , entre les fibres transversales de la commissure du cervelet. Dans ce trajet, ils acquièrent un renforcement qui est bien moins considérable que celui des pyramides, et ils forment la partie postérieure et intérieure des grands faisceaux fibreux (des cuisses) du cerveau. Ici ils acquièrent leur plus grand accroissement par la masse épaisse de substance grise qui s'y trouve, et qui, avec des filets nerveir^ qu'elle produit, forme un ganglion assez dur, aplati au" milieu et inégal en haut et postérieurement.

Ce ganglion a, jusqu'à présent, été connu sous le nom de couches optiques ', mais une couche nerveuse du nerf visuel est seulement attachée à la surface postérieure externe de ce ganglion. D'abord ce ganglion n'est nullement en raison directe avec le nerf optique , mais ils l'est avec les circonvolutions qui sortent de ce ganglion. Ensuite, en examinant l'intérieur de ce ganglion, on trouve une grande quantité de filets nerveux très-fins qui tous vont en montant, et dans une toute autre direction que le nerf optique. Ils se réunissent à leur sortie, au bord supérieur du ganglion , en faisceaux divergens. Les antérieurs de ces faisceaux traversent un grand amas de substance grise et prennent un nouvel accroissement de cet amas, de sorte qu'ils suffisent pour former le» circonvolutions postérieures, et toutes celles qui sont situées au bord supérieur de chaque hémisphèfe, vers la ligne médiane du cerveau.

Les prétendras couches optiques et les corps striés sont donc de vrais Lppareil* de renforcement, et les circonvolutions ne sont que l'épanouissement des faisceaux nerveux et le perfectionnement de tous les appareils précédent

Avant de parler de la structure particulière des circonvolutions , nous allons traiter de la seconde classe d'appareils, c'estvà-dire, des appareils de réunion ou des commissures.

Toutes les parties cérébrales sont doubles ou paires, mai* les systèmes nerveux congénères des deux côtés sont joints ensemble et mis en action réciproque par des fibres nerveuses1 transversales , ce qui forme les commissures.

Nous avons suivi les fibres divergentes depuis leur origine jusqu'au fond) des circonvolutions. Ici, au fond des circonvolutions, on peut démontrer une autre sorte de fibres molles et fines , mais distinctes et^ visibles , qui s'avancent entre les fibres du système sortant' et s'entrelacent avec elles.

Ges filamens dû système rentrant se réunissent en filets plus gros , et à mesure qa'ils se portent Vers l'intérieur, ils ÎWaieut des faisceaux et des couches qui se rapprochent

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de la ligne médiane entre les deux hémisphères , sortent par le bord interne de l'he'misphère en couches nerveuses blanches , se joignent aux faisceaux qt aux couches des systèmes, congénères de l'he'misphère oppose', et forment aiusi les différentes re'unions , jonctions, commissures : ces commissure* sont toujours eu raison directe avec les parties dont elles forment la réunion.

Commissure du cervelet. Il y a un ordre de libres nerveuses qui n'ont pas de connexion imme'diate avec le faisceau primitif, ni avec l'appareil de renforcement du cervelet. Les filets sortent de la substance grise de la surface , se portent dans diverses directions entre les filets divergens veri Je bord externe aiite'rieur, et forment une couche fibreuse f large et e'paisse. Considérés dans la station droite de l'homme,. les postérieurs et les médians de ces filamens convergeas passent transversalement par les faisceaux longitudinaux et divergens du eerveau, et les filamens antérieurs convergent du cervelet se placent en avant de ces faisceaux longitudinaux,. comme une couche fibreuse, et tous se réunissent dans la ligne médiane avec les faisceaux congénères qui sortent de la même manière de l'autre hémisphère du cervelet. Cet arran^ gement unit donc les deux hémisphères du cervelet : c'est pourquoi nous lui donnons le nom de réunion ou de commis-* sure du cervelet,, au lieu du nom impropre et mécanique de pont.

La grandeur de cette commissure étant en raison directe de cdlejdes tîcux hémisphères du cervelet, il résulte que, dans les mammifères qui ont le cervelet plus petit que l'homme, la commissure est également plus petite j on voit encore par là? pourquoi les anatomistes n'ont pas trouvé le pont chez les poissons, les reptiles et les oiseaux, car ces animaux n'ayant point les parties latérales du cervelet, les fibres qui en forment la commissure manquent nécessairement chez eux.

La partie primitive ou fondamentale du cervelet a sa commissure dans les couches fibreuses, molles et minces de la partie supérieure et inférieure de cette partie fondamentale ,. improprement nommées valvules.

Commissures du cerveau. Les anatomistes donnent depuis longtemps le nom de commissures à plusieurs parties du cerveau. Ils parlent des commissures antérieure, postérieure et médiane, et de la grande commissure j mais ils ne songèrent pas à chercher quel était, avec les parties du cerveau, le rapport de chacune de ces commissures, ni d'où l'on devait faire dériver celles-ci j ils n'examinèrent pas si toutes les parties cérébrales étaient unies les unes aux autres de la même manière ,, ni pourquoi les jonctions des mêmes parties différaient

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tant entr'elles chez les divers animaux. Enfin ils n'avaient pa* établi que ces jonctions sont soumises à une loi générale. Nos recherches nous ont procure' sur cet objet les éclaircisseniens les plus pre'cis. Nous abandonnons les expressions de'commis-sure ante'rieure , postérieure, etc. ^ nous nous en tenons à la notion générale que toutes les parties ont leurs re'unions, et nous cherchons à de'couvrir à quelle partie chaque réunion appartient.

Commissures des circonvolutions situées à la base du cerveau. Les filets de réunion des circonvolutions inférieures du lobe postérieur et des circonvolutions postérieures <3u lobe moyen se replient derrière les gros faisceaux fibreux ( cuisses) du cerveau, et derrière le grand appareil de renforcement inférieur ( couche optique ), en allant de chaque côté vers 1'iuterieur, et se rencontrent en direction oblique. Les circonvolutions internes du lobe postérieur donnent principalement les filets de réunion que l'on appelle replis du corps calleux 5 les circonvolutions poste'rieures du lobe mo^en ont leurs filets de jonction dans ce que l'on appelle la voûte (Jar— Jiijc). L'ensemble de filets de jonction de la voûte est la partie que les anatomistes appellent la lyre, la harpe ou gsal-ternan.

Les filets de réunion des circonvolutions antérieures du lobe moyen et de quelques circonvolutions situées au fond de la scissure de Sylvius se dirigent de dehors en dedans, et se réunissent vers la partie la plus antérieure des circonvolutions les plus internes du lobe moyen j ils forment un cordon nerveux qui, chez les adultes, est presque de la grosseur d'un tuyau de plume, traverse en avant et inférieurement la moitié extérieure du ganglion supérieur (corps strié) sans cependant, y être adhérent, et se joint dans la ligne médiane avec le cordon congénère du côté opposé. C'est à cette jonction que les anatomistes donnent le nom de commissure antérieure.

Les circonvolutions inférieures du lobe antérieur ont leur réunion en avant du grand ganglion supérieur (corps strié), au point que l'on appelle jusqu'à présent lé repli antérieur du «orps calleux.

Commisssures des circonvolutions supérieures du cerveau. Toutes les circonvolutions supérieures des deux hémisphère» ont Içurs filets de jonction dans ce que l'on appelle corps calleux ou grande commissure.

Comme les deux hémisphères sont séparés en arrière et en avant, les filets de réunion des circonvolutions placées le plus en arrière et le plus en avant, ne peuvent pas, pour se joindre, suivre une ligne droite j mais les circonvolution» inférieures du lobe postérieur se dirigeât en avant et iutc-

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rieurement, et les circonvolution* inférieures (antérieures drf lobe ante'rieur) se dirigent en arrière et intérieurement, afin de se réunir dans le repli de la grande commissure.

C'est par la même raison que les filets de réunion des circonvolutions supérieures des hémisphères se dirigent par derrière , en avant et intérieurement ; et par devant, en arrière *>t intérieurement; ce n'est que dans la région médiane que les fibres suivent une direction transversale.

De cette manière, le nombre des faisceaux qui se réunissent est plus considérable dans l'extrémité antérieure et postérieure, que dans le milieu de la grande commissure; c'est pourquoi elle est phis épaisse dans ses parties antérieure et postérieure, et l'est encore davantage dans la partie postérieure que dans la partie antérieure, parce que les lobes postérieurs sont plus considérables.

Les réunions des parties cérébrales étant toujours en pro^ "portion directe avec les parties auxquelles elles appartiennent, et certaines parties du cerveau étant très-petites chez les oiseaux, leurs réunions doivent Pêtre également : cette petitesse est la cause que, dans l'anatomie comparée, on n'a pas vu jusqu'à présent chez les oiseaux diverses commissures, ni même le corps calleux, la route et leurs dépendances, et qo'on regardait ces parties comme les ligne» caractéristiques d» cerveau des mammifères. Mais'le type primitif est le même chez tous les animaux; dès qtn'il existe une partie du cerveau, elle est double, et chacune est mise en action réciproque avec la; partie analogue par des filets ou faisceaux de réunion. Les différences de ferme , de grosseur et de direction des filets de réunion, ne sont que de simples modifications du même appareil. •

On pourrait encore demandée si nous sommes- fondés à dériver des circonvolutions ces appareils de jonction, et à les considérer comme rentrans.

Les filets nerveux sont partout produits par la substance grise; la couleur blanche de tous les faisceaux de jonction' bous apprend qu'ils ne contiennent pas de substance grise , ou du moins qu'ils n'en contiennent que très-peu; les réunions sont même situées hors des hémisphèreS'Oii elles parcourent, pendant,un certain intervalle, un espace pour ainsi dire vide : paît conséquent,. on ne peut pas dénver 1origine de cet ordre de fibres du point de leur réunion , mais de la matière grise des circonvolutions.

Il résulte donc d« tout ce que nous venons de dire, que les fiktst nerveux, divergeas s'enfoncent dans les circonvolutions, et que les fileta de jonction en sortent. A présent, c'est à savoir « les filets dhrergens, sont seulement augmentes- ptu> la? ma*

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tière grise située à la surface extérieure des circonvolutions , et se recourbent pour former les filets de jonction, ou si les premiers finissent dans la substance corticale, et qu'une autre sorte de fibre j commence. C'est ce que l'anatomie n'a pas encore pu démontrer.

Cavités du cerveau. Les deux ordres de fibres du cervelet et du cerveau sont séparés en divers endroits par des intervalles connus sous le nom de ventricules ou cavités du cerveau: on en fait ordinairement grand cas ; les anatomistes en ont donné des descriptions détaillées; nous les regardons comme un résultat du mécanisme organique , et nous nous rattachons plus à la structure des parties qu'au vide qu'elles laissent entr'elles.

Structure des circonvolutions. Jusqu'à présent, on s'était figuré que la membrane vasculaire s'enfonçait en difîerens points dans la substance médullaire du cerveau , pour y faire pénétrer le sang a une plus grande profondeur, et que de là provenaient les inégalités, les enfoncemens, ou les anfrac-tuosités et les circonvolutions.

Mais la structure du cerveau n'est pas aussi mécanique et aussi accidentelle. Les filets divergens, dès qu'ils se sont entrecroisés au bord externe des grandes cavités avec les filets de«réunion, s'écartent davantage, se prolongent et forment comme tous les autres systèmes nerveux, une expansion fibreuse. Les fibres de chaque faisceau n'ont pas toutes la même longueur : un grand nombre, et surtout cefles qui sont située s des deux côtés, se terminent immédiatement au-delà des parois extérieures des cavités j les autres continuent à se prolonger , mais à des distances inégales, les unes à côté des autres j celles qui sont situées en dedans., s'étendent le plu« loin. C'est ainsi que se forment à l'extérieur les1 prolongement de chaque faisceau, et de deux en trois faisceaux, des intervalles , des enfoncemens ou sinuosités : toutes ces fibres sont recouvertes, à leur extrémité périphérique, de substance grise qui doit affecter la forme de l'expansion nerveuse : la plupart de ces prolongemens ont une position un peu courbe ou, inclinée, et sont rarement placés verticalement sur le fond des ventricules j très-souvent leur bord supérieur est déprimé, ce qui leur donne une figure semblable à celle que prend un pli d'étoffe ou de papier, quand on presse un peu en dedans sa sommité extérieure.

Lorsque l'on coupe perpendiculairement et en travers un de ces prolongemens, on voit que la substance blanche est plus large à la base des circonvolutions, et-devient toujours plus étroite en allant vers la partie- supérieure : cela vient- de ce que les fibres nerveuses de chaque- côté se perdent-successi-

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vement dans la substance grise, tandis que celles du milieu se prolongent seules jusqu'à l'extrémité : cette coupe ne fait voir à la vérité' la substance fibreuse que comme une simple masse médullaire homogène, nulle part l'œii n'y de'eouvre de ligne de démarcation j même après une le'gère traction, on ne peut apercevoir des deux côte's aucune se'paration des fibres.

Cependant les fibres de chaque prolongement ne se réunissent pas en un seul faisceau, comme les fibres des nerfs optiques et acoustiques j mais elles forment deux couches particulières qui se touchent dans la ligne médiane de chaque prolongement ou circonvolution, et sont légèrement agglutinées l'une contre l'autre, par le moyen d'un névrilème mu-queux ou d'un tissu cellulaire très-fin.

C'est sur cet arrangement qu'est fondée la possibilité de séparer l'une de l'autre les deux couches de fibres sans les endommager, et d'étendre en nn« surface, ou de^déplisser chaque circonvolution. L'entrecroisement des filets divergens et ren-trans à ^a base des circonvolutions, produit une légère résistance qui est cependant assez forte pour empêcher qu'on ne puisse pas détacher les unes des autres sans eu déchirer le tissu. Mais les duplicaturcs des circonvolutions se séparent facilement et .fans destruction des fibres : toute la face intérieure de cette expansion consiste uniquement en fibres nerveuses; elle est entièrement blanche, lisse et intacte; la surface externe est recouverte de substance grise.

Quand on coupe verticalement et en travers une circonvolution jusqu'à la base, on peut, par une pression continue , mais douce .séparer avec k^doigts les deux couches fibreuse» des circonvolutions, et les parois intérieures restent lisses.

Si l'on met dans la main une portion des hémisphères avec la partie convexe, et que l'on détruise le tissu dans la base des duplicatures, on peut, par un léger effort > détacher les deux couches des circonvolutions, parce qu'elles sont légèrement collées l'une à l'autre. Pendant qu'on les détache en passant légèrement le doigt par dessus, on aperçoit toujours, au point où la séparation s'effectue, nn petit sillon, et en même temps la direction perpendiculaire des fibres nerveuses et des vaisseaux sanguins. Toutes ces choses ne pourraient pas se présenter de cette manière, si les circonvolutions ne consistaient pas réellement en deux couches fibreuses qui ne sont pas adhérentes ni réunies par des fibres transversales, mais simplement attachées par un tissu cellulaire fin et lâche.

Si ou fait durcir dans l'alcool ou dans l'acide nitrique étendu d'alcool, des tranches de circonvolutions, ou si on les fait bouillir dans de l'huile, les deux couches se séparent très-ai-sement et uniquement dans la ligne médiane.

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lies expériences suivantes prouvent incontestablement que chaque circonvolution est une duplicature de deux couches fibreuses, et que ces deux couches ne sont pas adhe'rentes T mais simplement attache'es l'une à l'autre.

Si avec un tube on souffle sur une coupe transversale d'une circonvolution, on peut bien finir par de'truire la substance grise et la substance blanche , mais on n'opère pas la séparation des fibres ni des deux substances. Mais lorsqu'on souffle sur la ligne médiane, la circonvolution ou la duplicature se fend de la base au sommet. Si l'on essaie la même expérience sur une circonvolution un peu déprimée par le sommet, elle s'entr'ouvrc à la base par une fente simple, et dans la partie supérieure déprimée, la fente se prolonge vers les deux coins: on produit le même eifet avec le pli d'une étoffe, lorsqu'on, en déprime un peu la partie supérieure.

Quand, au lieu de souffler, on jette avec une seringue de l'eau sur une coupe transversale d'une circonvolution , la séparation se fait dans le milieu, de la même mauière et avec tant de facilité, que l'injection de quelques filets d'eau la propage à trois ou quatre pouces dans l'intérieur des circonvolutions j lors même qu'elles ont des sinuosités ou des subdivisions latérales, l'eau passe par toutes les courbures, et toujours dans la ligne médiane.

Mais bien plus, si l'on jette de l'eau sur le côté extérieur d'une circonvolution, jusqu'à ce que la substance grise et la moitié de la substance blanche soient détruites j ou bien si l'on ouvre latéralement une circonvolution jusqu'à la ligne médiane , et si l'on injecte l'eau avec la même force dans l'ouverture , l'eau arrivée à la ligne médiane se porte à droite rt à gauche, et sépare la duplicature dan« une étendue d'un à deux pouces , de même que dans les expériences précédentes.

II résulte de tout ce que nous avons dit jusqu'ici, que le cervelet et le cerveau sont composés de substance grise plus ou moins foncée, et de substance blanche ; que la substance grise est la matière'nourricière de la blanche; que la blanche est entièrement fibreuse; que les parties cérébrales sont surajoutées l'une à l'autre, et que les faisceaux nerveux s'épanouissent à leur extrémité périphérique, et sont disposés en deux couche» ou en duplicaturcs.

Il suit encore que le« cervelet et le cerveau sont mis en. communication avec les systèmes nerveux inférieurs, et qu'en, particulier les parties cérébrales qui sont un prolongement et renforcement des faisceaux pyramidaux , sont en communication , par entrecroisement, avec les systèmes nerveux de la colonne vertébrale.

De même, U est évident que toutes les parues cérébrale

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»ont doubles, et que les parties congénères des deux côtes sont réunies entr'elles par des appareils de réunion, ou les commissures.

Enfin il est certain qu'il n'y a pas de point central des systèmes nerveux.

§. IL Physiologie du cerveau. Il nous reste à traiter de la seconde partie de la doctrine du cerveau, c'est-à-dire de ses fonctions : on se borne jusqu'ici à dire en ge'néral que le cerveau est l'organe, ou, selon d'autres, le sie'ge de l'âme. Nous évitons toutes les discussions sur le siège de l'âme; nous nous en tenons à déterminer les appareils matériels à l'aide desquels la manifestation des propriétés de l'âme et de l'esprit devient possible.

La première question qui se présente, c'est de savoir si le cerveau proprement dit, c'est-à-dire, sans y comprendre ni la masse nerveuse de la colonne vertébrale, ni les nerfs des cinq sens, est exclusivement l'organe de tonte conscience ?

Cette opinion peut être soutenue et combattue par des raisons également plausibles. La plupart des physiologistes ont, pour démontrer ce principe, admis les preuves suivantes:

1°. Un nerf comprimé , lié, coupé, perd la faculté de produire la sensation et le mouvement volontaire, parce que l'impression produite par l'objet ne peut plus se transmettre jusqu'au cerv«au. Le nerf a beau être irrité au dessous du point de la lésion, il n'en résulte aucune sensation, par conséquent le principe de la sensation et du mouvement volontaire ne réside pas dans les nerfs ni dans l'endroit où l'impression se fait, mais dans le cerveau.

2". Une pression sur l'origine ou la continuation d'un nerf de sens est toujours suivie de la cessation des fonctions de ce nerf j la perte du toucher, du goût, de l'odorat, de l'ouïe, de la vue j mais l'obstacle est-il écarté, ces phénomènes disparaissent , par conséquent le principe de tontes les fonctions des sens et de la conscience des impressions reçues par les sens, réside dans le cerveau.

5°. Une pression exercée sur le cerveau par un fluide quelconque , par une excroissance du crâne, par un gonflement des vaisseaux sanguins, et même un simple ébranlement de cette partie, anéantit la sensation dans tous les nerfs qui sont en communication avec les parties lésées du cerveau, quoiqu'ils n'aient eux-mêmes éprouvé aucune lésion. La pression du cerveau cesse-t-elle, la faculté de sentir est rétablie.

4° . Quelquefois on sent les douleurs monter le long des nerfs jusqu'au cerveau.

5°. Ces douleurs qui, d'un membre lésé montent jusqu'au cerveau, s'arrêtent quelquefois par la ligature.

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6*. Après Famputation d'un membre, les personnes guéries croient encore sentir la douleur à l'endroit du membre où le mal existait. Cette dovileur ne peut donc avoir son principe ou sou sie'ge que dans le cerveau.

7°. Le mouvement volontaire suppose toujours une irritation perçue, ou une re'action avec volonté' j or, la sensation et la re'action avec volonté' n'étant possibles que dans le cerveau, tout mouvement entrepris avec conscience, ou volontaire, doit de'river du cerveau.

Pour confirmer l'opinion que toute sensation et tout mouvement volontaire de'rivent du cerveau : on a encore allégué jusqu'à pre'sent que tous les nerfs ne sont que des continuations, des prolongemens du cerveau, et qu'ils y ont leur origine •ou leur point central j mais cette preuve ne peut plus subsister depuis que nous avons démontre' que le cerveau ne se prolonge pas dans les nerfs des sens, ni dans la masse nerveuse de la colonne vertébrale j que chaque système nerveux est un système propre et particulier, et que l'enchaînement de ces systèmes par des branches communiquantes suffit pour «xpliquer leur influence réciproque. Vtsyez nerfs.

Il y a cependant des argumens, les uns plus forts, les autres plus faibles, d'après lesquels on dispute au cerveau la pre'ro-gative d'être exclusivement l'organe de la sensation et du mouvement volontaire.

Le cerveau, dit-on, estinsensible, on ne peut donc pas le regarder comme l'organe de la sensation. Il est vrai que, lorsqu'on offense ou qu'on mutile les circonvolutions du cerveau, on ne produit pas les mêmes douleurs qu'en blessant d'autres nerfs du toucher j mais dans plusieurs maladies, cet organe devient très-douloureux. D'ailleurs, il faut bien considérer que , dans l'état de santé, chaque partie, chaque sens, produit sa sensation particulière : on sent autrement la faim que les impressions de la lumière, du son, etc. : on sent diüe-remment l'amour, la compassion, l'orgueil, etc. Penser et vouloir sont certainement des sensations 5 personne ne nie pourtant que la pensée et la volonté n'aient lieu dans le cerveau ; on ne peut par conse'quent refuser au cerveau sa manière de sentir particulière.

On oppose aussi, à l'opinion que le cerveau est exclusivement l'organe de la sensation et du mouvement volontaire, l'exemple des monstres nés sans cerveau, qui vivent quelque temps et font divers mouvemens. Mais on confond ici manifestement les phénomènes de la vie purement automatique avec ceux de la vie animale : c'est ce qui arrive aussi, quand on dit avec Gautier qn'nn coq décollé tressaille encore, et bat des ailss pour se de'feudrej ou quand on pousse l'absur-

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<Jité au point de croire avec quelques physiologistes que ib coq auquel Raw-Boerhaave présenta de la nourriture, et à qui il fit abattre la tête au milieu de sa course, courut cependant à son auge. C'est encore le même cas, quand on objecte que les insectes et les amphibies pondent des œufs après qu'on leur a enlevé la tête. Chez les animaux d'un ordre plus noble, la vessie et le rectum nous offrent des phénomènes analogues j leurs viscères continuent encore leur mouvement péristaltique un certain temps après la mort de l'animal. Souvent la matrice, par sa force contractile, met l'enfant au monde après la mort de la mère. Tous les mouvemens de ce genre semblent être accompagne's de sensation et de volonté, parce que, d'après l'arrangement mécanique des parties , ces mouvemens se suivent dans le même ordre qu'ils se suivraient s'ils étaient déterminés par la volonté. Cela prouve seulement que le cerveau n'est pas nécessaire pour les mouvemens automatiques. C'est pourquoi ni l'activité, ni la durée de la vie ne sont en rapport avec la quantité du cerveau : voilà pourquoi encore, dans le sommeil profond où le cerveau repose relativement à ses fonctions propres, et dans le sein de la mère où les fonctions du cerveau n'ont pas encore lieu , plusieurs opérations purement automatiques telles que la nutrition, la circulation , etc., s'exécuteut sans trouble.

On assure que l'on a enlevé entièrement le cerveau à des tortues, et que ces animaux ont pourtant continué à manger et même à s'accoupler : on prétend que Dureruey a ôté tout le cerveau à un pigeon qui fit toutes les fonctions, comme s'il ne lui était rien arrivé.

Toutes ces prétendues expériences sont, ou faites d'une manière incomplète , ou altérées par un penchant particulier au merveilleux. Après avoir soigneusement questionné ceux qui se vantaient d'avoir fait ces expériences, nous avons toujours trouvé que ces faits supposés se bornaient à<3es oui-dire. Il est très-difficile ^d'enlever a une tortue tout le cerveau j et ou ne peut ôter tout le cerveau à un pigeon ou à une poule, sans détruire en même temps les sens et la vie. On sait généralement que les chasseurs ont coutume de tuer le gibier ailé qu'ils ont blessé en luienfonçant uneplume dans la nuque. Mais on peut enlever aux poules, aux pigeons, aux lapins, etc., la plus grande partie des hémisphères du cerveau, sans que les fonctions des cinq sens soient détruites. Une lésion assez considérable du cervelet seul ne nuit pas plus à la vie et aux fonctions des cinq sens, que la destruction de toutes les parties supérieures du cerveau j mais si les lésions pénètrent jusqu'aux deux grands appareils de renforcement ( les corps striés et les «ouches optiqucsj, ou encore plus profondément, il survient

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àes convulsions et la mort. On peut donè assurer <jue Du-verney n'a pas fait 1'expedience comme on la rapporte. Tout; ce que l'on peut conclure des expériences de ce genre, c'est que la totalité' du cerveau n'est pas ne'cessaire pour les fonctions des cinq sens j mais elles ne servent nullement à de'cider si une portion du cerveau, ou quelle partie de cet organe est absolument ne'cessaire, pour que les fonctions des sens puissent avoir lieu.

Plusieurs autres argumens permettent de supposer que la perception des impressions et même la me'moire de ces impressions existent dans les nerfs des cinq sens.

i°. Il y a des animaux auxquels on ne peut refuser le toucher et le goût, quoique l'on n'ait rien de'couvert en eux qui puisse être assimilé à une partie quelconque du cerveau ; à moins que l'on ne veuille comparer le ganglion supérieur de ces animaux avec des parties du grand renflement occipital ( la moelle allongée).

3°. Chaque nerf destiné à une fonction particulière a, de même que le cerveau, son origine particulière, ses appareils de reuforcemeul, son épanouissement particulier, et forme par conséquent un tout. Pourquoi donc, relativement à sa destination, ne formerait-il pas aussi un tout, et n'aurait-il pas toute sa sphère d'activité' ?

3°. Si les fonctions des sens avaient seulement lieu dans les parties du cerveau, on donnerait à un organe qui a déjà ses fonctions propres, une destination étrangère pour laquelle la nature aurait en vain créé des appareils particuliers. Pans cette hypothèse, il aurait suffi que les instrumens extérieurs des sens , que, par exemple , l'œil eût été mis en communication avec le cerveau , de la manière la plus simple ; il aurait suffi, que les impressions du dehors eussent été transmises immédiatement à la masse cérébrale, le cerveau aurait achevé le reste de la fonction.

4°- Les fonctions des systèmes nerveux , autres que le cerveau , sont proportionnées à la perfection de leur organisation particulière , et non à la quantité du cerveau. Plusieurs insectes , malgré la petitesse extraordinaire de leur cerveau, n'ont-ils pas le toucher, le goût, la vue et l'odorat d'une finesse extrême ? L'aigle, avec sou petit cerveau , ne voit-il pas mieux que le chien dont le cerveau est plus gros ; et l'odorat de celui-ci n'est-il pas plus subtil que celui de l'homme, qui a une masse cérébrale si considérable?

5°. Certaines observations prouvent que lorsqu'un sens entier, c'est-à-dire, non-seulement l'appareil extérieur, mais tout l'appareil nerveux, a été détruit par une maladie , par exemple , par l'atrophie, toutes les idées qui appartiennent . 3o.

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à ee sens, ont été également perdues et rendues impossibles.

Mais tous ces argumens n'expliquent pas pourquoi , chez les animaux parfaits, un nerf comprimé fortement , lié, coupé , perd la sensation. Peut-être» chez ces animaux, les parties inférieures du cerveau sont-elles aussi nécessaires à là conscience des fonctions des cinq sens, que le cœur est nécessaire à la circulation du sang j tandis que , chez les animaux moins parfaits, une espèce quelconque de conscience a lieu sans cerveau, de même que , chez eux et même dans les plantes, la circulation des fluides s'opère sans l'intermise d'un cœur. Or, les monstres, dépourvus de cerveau et même de la moelle allongée, ne vivant pas et n'exerçant aucune fonction animale et les animaux parfaits et pourvus de cerveau, ne pouvant pas en être privés entièrement, sans que les nerfs des sens en souffrent, il sera difficile de décider jusqu'à quel point des parties cérébrales sont nécessaires aux fonctions des sens. Nous nous en tenons au principe suivant, qui repose sur des bases sûres :

Le cerveau est exclusivement l'organe des sentimens moraux et des facultés intellectuelles.

Nous ne pouvons pas ici développer avec détail les erreurs des auteurs qui cherchent le principe organique des qualités appétitives et morales ailleurs que dans la tête j qui font dé-nver les facultés morales et intellectuelles des tempéramens ou de la constitution physique de l'ensemble du corps (voj~ez tempérament) ; qui croient pouvoir déterminer les fonctions animales et intellectuelles d'après la grandeur absolue du cerveau, ou d'après le rapport entre le cerveau et le corps , ou entre le cerveau et les nerfs des cinq sens , ou entre le crâne et la face, entre les différentes parties du cerveau elles-mêmes, ou d'après les données de Fauatomie comparée. Nous renvoyons le lecteur à notre grand ouvrage, tome n , où nous avons traité de tous ces objets dans toute leur étendue. Nous remarquons seulement que , pour déterminer le rapport qui existe entre les facultés de l'âme et de l'esprit et l'organisation , il faut abandonner la supposition erronée , d'après laquelle tout le cerveau ne serait qu'un organe unique. Etablir la pluralité des organes et déterminer les facultés fondamentales , sont les seuls moyens de fixer le rapport entre l'organe et la manifestation de sa qualité respective. Il faut toujours demander de quels organes est composé le cerveau d'un animal dont on veut apprécier les propriétés , quel deqré de développement tel ou tel organe a acquis, et de quelle qualité spéciale il est question.

Avant de prouver que le cerveau est composé d'autant'

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d'organes qu'il y a de faculte's fondamentales , nous allons pre'senter les preuves les plus importantes de notre assertion. que le cerveau est exclusivement l'organe des faculte's morales et intellectuelles.

1°. Les facultés morales et intellectuelles se manifestent, augmentent et diminuent, suivant que les parties ce'rébrales qui leur sont propres, se de'veloppent, se fortifient et s'affaiblissent.

De même que les systèmes nerveux des fonctions automatiques et ceux des cinq sens se de'veloppent et se perfectionnent à des e'poqucs diife'rentes , de même quelques parties cérébrales se de'veloppent plus tôt, et d'autres plus tard. La structure fibreuse se montre plutôt dans les lobes postérieurs et moyens du cerveau que dans les ante'rieurs. Toutes les parties se forment et s'accroissent graduellement jusqu'à ce qu'elles aient atteint leur perfection entre vingt et quarante ans. A cette e'poque , il ne semble pas y avoir de changement sensible pendant quelques années ; mais à mesure que l'on avance en âge , les parties cérébrales diminuent graduellement, s'amaigrissent, se rapetissent, et les circonvolutions sont moins rapprochées.

La même marche se fait remarquer dans la manifestation des faculte's morales et intellectuelles. Chez l'enfant nouvellement né , les seules fonctions sont celles des sens , du mouvement spontané, l'expression du besoin de nourriture et des sentimens obscnrs de plaisir et de douleur , et tout cela n'a même lieu qu'à un degré imparfait. Peu à peu l'enfant commence à manifester divers penchans et à faire attention aux choses extérieures et à agir sur elles. Les impressions sont conservées et deviennent des idées. L'enfant devient successivement adolescent, jeune homme, homme fait, et , à cette époque , toutes les qualités ont acquis leur plus grande énergie, jusqu'au moment où elles commencent à décroître et à perdre insensiblement plus ou moins de leur durée et de leur force ; et qu'enfin , dans les vieillards , il ne reste plus que des sensations émoussées et débilité d'esprit.

2°. Lorsque le développement du cerveau en général ou d'un organe en particulier, ne suit pas l'ordre graduel ordinaire , la manifestation des fonctions s'écarte aussi de l'ordre ordinaire. Le cerveau des enfans rachitiques acquiert assez fréquemment un degré extraordinaire de développement et d'irritabilité, et on observe également que leurs facultés intellectuelles sont plus vives que leur âge ne le comporte. Quelquefois une seule partie du cerveau se développe de trop bonne heure , sans qu'il y ait aucune maladie; et, dans ce cas , la fonction qui est propre à celle partie, ne manquç

5o.

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jamais de se manifester en même temps. Nous avons observé plusieurs enfans chez lesquels la partie du cerveau qui est affectée à l'amour physique T avait acquis un développement extraordinaire dès l'âge de trois à quatre ans. Ces enfan* étaient maîtrisés par ce penchant, quoique leurs parties sexuelles eussent rarement acquis un développement analogue.

D'un autre côté , il arrive que la totalité ou quelques parties du cerveau n'acquièrent que très-tard leur maturité et. leur solidité. Alors l'état de l'enfance et de demi-imbécililé se prolonge dans la même proportion.

3°. Le développement défectueux des organes de l'âme rend défectueuse la manifestation de ses qualités.

Un nombre infini d'observations prouve que les cerveaux des imbécilles de naissance sont plus petits que les cerveaux de ceux dont l'état moral et intellectuel est régulier ; mais à mesure que, dans les divers degrés qui caractérisent l'im-bécilité, l'organisation du cerveau s'approche de la perfection , et que les organes particuliers sont plus ou moms développés et perfectionnés, les facultés respectives de ces organes se manifestent dans la même proportion. Un jeune nomme, par exemple 7 de seize ans, a les parties- antérieures inférieures de la tête bien développées ; mais son front a à peine un pouce de haut, parce que les parties antérieures supérieures da cerveau ont été entravées dans leur deVe-loppement. Il ne jouit en conséquence que de l'exercice des fonctions affectées aux parties antérieures inférieures. Il apprend les noms, les nombres, les époques, l'histoire, et il répète cela mécaniquement j mais la comparaison , la combinaison des idées et le jugement lui manquent entièrement.

4°. Quand les organes de l'âme et de l'esprit ont acquis un haut degré de développement , il en résulte, pour ces organes , la possibilité de manifester leurs fonctions avec beaucoup d'énergie.

Nous rappelons l'attention de nos lecteurs sur la différence manifeste que tout le monde peut remarquer entre les têtes des idiots , les têtes des hommes sains dont les talens ne sont que médiocres, et les têtes des hommes érninens , doués d'un vaste et grand génie. On peut même apercevoir cette différence dans les productions des beaux arts. Les anciens artistes font aller les qualités énergiques intellectuelles avec les grandes têtes , surtout avec les grands fronts, et ils donnent des fronts petits et déprimés, et une tête très-forte dans les parties postérieures , aux individus qui ne se distinguent que par des qualités d'un ordre inférieur. Ils don-Ttcut, par exemple, aux statues de leurs prêtres et de leurs

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jphilosophes de bien plus grands fronts qu'aux statues de leurs gladiateurs. Ils distinguent la tête du Jupiter du Capitole jjar un front extrêmement bombe'. Ceux qui veulent se con-' vaincre de la ve'rite' de notre observation, n'ont qu'à examiner les têtes des hommes qui se sont distingue's par des qualités e'minentes de l'âme et de l'esprit ; ils n'ont qu'à observer les têtes de ceux qu'on a coutume d'appeler de vastes et grandes têtes. Mais il ne faut pas confondre de grandes faces «ont les os des pommettes sont proe'minens et les mâchoires larges et saillantes, avec de grands cerveaux et des crânes volumineux.

5°. L'organisation cérébrale des deux sexes explique parfaitement pourquoi certaines qualité'« sont plus e'nergiques chez l'homme, et d'autres chez la femme.

Les parties du cerveau situe'es vers la partie ante'rieure su-pe'rieure du front, sont en général plus petites chez les femmes, et leurs fronts sont plus petits et plus courts. Elles ont, au contraire, les parties situées à la re'gion supérieure de l'os 'occipital beaucoup plus développées. Leur cervelet est communément plus petit que celui des hommes. Ces différences expliquent parfaitement ce que l'on trouve de dissemblable entre les qualités intellectuelles et morales de l'homme et celles de la femme. Les deux sexes offrent sans doute un grand nombre d'exceptions qui sont cause que fréquemment Tes faculte's propres à la femme se rencontrent chez l'homme, et vice versa.

6°. Lorsqu'une conformation semblable du cerveau se transmet des pères aux cnfans, les qualités morales et intellectuelles sont semblables; et lorsque la conformation.de la tête est différente, elles diffèrent.

Tous les animaux, de la même espèce , de même que tous les hommes , ont le cerveau conformé de la même manière essentielle. Les différences que présentent les cerveaux des variétés et des individus ont aussi pour résultat des différences dans les propriétés respectives. C'est tantôt tel organe , tantôt tel autre qui est plus ou moins développe' dans une variété , dans un individu , dans un peuple ; et c'est ce qui produit le caractère particulier des individus, des races , des nations. On a observé depuis longtemps que les frères ot les sœurs qui se ressemblent entre eux ou qui ressemblen le plus au père ou à la mère , se ressemblent aussi dans les qualités de l'âme et de l'esprit, autant que le permet la différence de l'âge et du sexe. S'il s'agit, au contraire , de frères et sœurs, même de jumeaux , dont l'organisation cé-Tebrale soit dissemblable , la nourriture , l'éducation , les «xemples, les alentours ont beau se ressembler en tout^ il

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n'en résulte aucune ressemblance dans leurs qualités morales et intellectuelles.

Par conséquent, en observant que l'on ne peut déterminer les facultés morales et intellectuelles ni d'après l'ensemble du corps et sa constitution organique ou les tempéramens , ni d'après les viscères , les plexus et ganglions du bas-ventre et de la poitrine, ni d'après la grandeur et la finesse des cinq sens , m d'après un rapport du cerveau au corps, aux nerfs, à la face; mais en voyant qu'il y a toujours un rapport direct entre la grandeur des parties cérébrales et les dispositions de ces fonctions , on est forcé d'admettre la conclusion que les parties du cerveau sont les organes immédiats des qualités morales et intellectuelles.

7°. Toutes les parties du corps peuvent être lésées ; la masse nerveuse de la colonne vertébrale même peut être comprimée ou altérée à une certaine distance du cerveau , sans que les fonctions de l'âme et de l'esprit soient anéanties on en souffrent immédiatement. Quand le tétanos, par exemple , a lieu par suite de lésions, quoique les autres systèmes nerveux soient attaqués de la manière la plus violente , les fonctions de l'esprit restent quelquefois intactes jusqu'à la mort. Si, au contraire , le cerveau est comprimé, détruit, on perd I e sentiment, et les fonctions intellectuelles cessent.

8°. La vie purement automatique n'exige ni le cerveau ni le cervelet. Des acéphales , quoique entièrement dépourvus de cerveau, naissent forts et gras. Même les fonctions des cinq sens peuvent exister sans les hémisphères. Par conséquent, si le cerveau n'était pas destiné aux fonctions les pi us élevées de l'organisme animal, son existence serait superflue et sans but. Mais ne serait-il pas révoltant de penser que la nature, en formant le plus noble , le plus parfait de tous les systèmes nerveux, n'ait eu aucun buL qui répondit à 1'ex.cel-lence de son organisation ?

9°. Enfin, quelque défectueuse que soit la connaissance que nous avons du perfectionnement graduel du cerveau , depuis les animaux de l'ordre le plus bas jusqu'à l'homme, on peut cependant établir , comme une règle certaine, que le nombre des propriétés s'accroît avec celui des parties du cerveau. Cette multiplication des instincts,'des aptitudes industrielles et des facultés morales et intellectuelles, n'est en proportion ni avec les sens, ni avec les autres parties : comment cela s'expliquerait-il, si le cerveau n'était pas exclusivement l'orgaiïe de toutes ces qualités ?

Ainsi tout concourt à prouver que l'on doit reconnaître le cerveau seul pour la condition matérielle immédiate de toute« les dispositions morales et intellectuelle«.

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îl est encore de notre devoir de répondre aux principales objections qu'on e'iève contre l'opinion qui e'tablit que le cerveau est exclusivement l'organe de l'âme et de l'esprit, et qu'on trouve dans les écrits physiologiques les plus modernes.

10°. On cite un grand nombre d'observations suivant lesquelles les lésions du cerveau les plus considérables, n'ont souvent nullement nui aux fonctions de l'âme , et M. Pinel affirme que les dissections les plus exactes n'ont encore rien appris sur le siège des maladies mentales , et que les déran-.gemens des fonctions de l'aane, qui sont la suite assez ordinaire des altérations du cerveau , n'admettent pas, à beaucoup près, la conclusion que le cerveau est exclusivement l'organe de l'âme.

Il y a, en effet, un grand nombre de cas où, malgré les dérangemens les plus considérables des facultés intellectuelles , on n'a découvert aucune défectuosité dans le cerveau. Mais nous avons aussi vu que, dans beaucoup de cas, ,les fonctions de l'âme et de l'esprit sont plus ou moins dérangées par les maladies et les lésions du cerveau. Pour rectifier ces faits opposés en apparence, il faut résoudre deux questions : premièrement, est-on en état de juger sainement , d'après leur nature intime, les Usions et les laaladies du cerveau ? et secondement, a-t-on jusqu'à présent pu juger avec exactitude les effets que ces maladies ont dû. produire sur les fonctions de l'âme ?

Il est évident qu'il était impossible d'établir des observations physiologiques exactes sur une partie que non-seulement l'on ne connaît pas , mais sur laquelle même 011 n'a, que des notions erronées et entièrement contraires à sa structure. Trop souvent l'autorité des auteurs engage à admettre des faits qui n'ont jamais existé. On voudrait trouver la confirmation du conte rapporté par Théophile Bonet, et découvrir les cerveaux desséchés , durs et friables , chez les individus morts dans le délire et la rage. Sur l'autorité de M. Portai, on cherche dans le cerveau d'un aliéné des cir,-convolutions moins profondes que chez les autres hommes. Sur l'autorité de M. Dumas , on s'attend à voir ehe?, les hommes spirituels un cerveau rond ; et suivant que le défunt avait un caractère doux ou emporté, selon que ses idées e'taient suivies et vives , ou confuses et paresseuses, suivant qu'il était fou ou imbécile , le cerveau doit être d'une couleur plus ou moins foncée , d'une substance plus ou moins ferme, ou plus on moins roide. Si de telles attentes exagérées ont été déçues, en faut-il inférer que, chez les aliénés , aucune altération n'avait eu lieu dans l'organe de l'aine ?

Les ver» dans les intestins produisent un chatouillement

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au bout du nez, la toux , la ce'cite', etc. Si un tel malade meurt, et que l'on ne trouve aucune alte'ration visible dans les organes de la respiration , de la vue , etc., peut-on cotï-•clure que ces organes n'e'taient pas affecte's ?

De la même manière nous accordons que, dans un grand nombre de maladies mentales, la cause première réside dans le bas>-ventre ou dans une cause générale de l'organisme ^ mais il faut convenir avec nous que le cerveau est soumis à l'influence des causes «loignées.

Plusieurs altérations du cerveau ne se manifestent pas quand les aliénations mentales ne"sont que passagères; mais elles se font connaître par des résultats que fes maladies pro-' duisent au bout de quelque temps : il se forme , par exemple , des 'dépôts considérables de masse osseuse sur la face intérieure du crâne. La masse cérébrale elle-même diminue peu à peu, etc.

II est vrai que des lésions très-coiwidérables du cerveau ne produisent souvent que des perturbations peu sensibles dans 'les propriétés de l'esprit, que des lésions légères occasionnent fréquemment les accidens les plus violens , mais cela aï-rive aussi dans toutes les autres parties du corps. Ne trouve-t-on pas quelquefois de grands abcès dans les poumons , sans que la respiration ou le reste de la santé en aient été sensiblement dérangés ? s'ensnit-il -pour cela que les poumons ne sont pas l'organe de la respiration ? On ne doit donc pas attribuer à la nature d'une lésion ou à son Tsiége ce qui n'est dû qu'à l'irritabilité particulière du malade. C'est pourquoi il est concevable qu'il ne résulte souvent -aucun accident des lésions les plus considérables dans un malade qui n'a qu'une excitabilité faible, tandis que chez ceux d'une constitution physique très-irritable , les accidens -les plus graves proviennent de lésions peu importantes.

Traitons maintenant la seconde question, savoir : si les fonctions de l'âme n'étaient pas troublées quand les observateurs ont cru les trouver intactes dans les maladies et les lésions •du cerveau ? A-t-on jusqu'àprésent été en état de bien juger ces égaremens?

i". Tout ce que l'on rapporte des individus chez lesquels, malgré les maladies et les lésions du cerveau, les fonctions de l'âme sont, à ce que l'on dit, restées intactes, se borne aux expressions suivantes : le malade continuait à marcher, à manger et à parler j il avait sa conscience entière, c'est-à-dire , il connaissait ceux qui l'entourait ; il avait encore la mémoire et le jugement j par conséquent aucune de ses facultés intellectuelles n'étaient ni troublées ni perdues.

Si toutes les facultés morales et intellectuelles de l'homme

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consistaient uniquement dans la conscience, les fonctions des -cinq sens , la mémoire et le jugement, les animaux d'un or--dre supe'rieur, qui ont ces qualités , seraient des hommes. Les hommes qui , après une commotion du cerveau ou après une attaque d'apoplexie , perdent la mémoire des noms propres ou d'une langue , et qui conservent pour d'autres choses la me'moire, l'intelligence et le jugement, ces hommes n'ont-ils rien perdu de leurs facultés ?

Si l'on soutient qu'il n'est survenu aucun dérangement dans les propriétés de l'âme et de l'esprit, tant que la conscience , les cinq sens, la mémoire et le jugement subsistent, on ne pourrait concevoir de dérangement des fonctions de l'âme et de l'esprit que dans l'imbécillité et la démence totales. Les malades qui n'ont qu'une folie partielle ne conservent-ils pas la conscience, la mémoire et le jugement intacts pour tout le reste? On voit donc que tantôt une propriété de l'âme cl •de l'esprit, tantôt une autre peut être dérangée ou anéantie , quoique l'individu conserve les qualités qui font dire aux auteurs que toutes les facultés intellectuelles sont demeurées intactes. Par conséquent, il était impossible jusqu'à présent de juger les suites des maladies et des lésions du cerveau, parce qu'on s'en est tenu aux attributs généraux de l'âme, et qu'on ignorait les qualités fondamentales et particulières de l'amc.

Ce que nous venons de dire pourrait suflire pour mettre en garde contre les observations dans lesquelles , malgré des maladies ou des lésions graves du cerveau, on affirme que les qualités de l'âme sont restées intactes. Mais nous allons encore ajouter quelques idées par rapport aux observations où un hémisphère entier du cerveau était détruit par la suppuration, tandis que les fonctions de l'âme n'ont éprouvé aucune altération.

Dans ces observations, comme dans les précédentes, on a oublie' de faire attention à la duplicité des systèmes nerveux. Par conséquent, l'un des nerfs optiques, auditifs, etc., peut être détruit, et les fonctions de la vue, de l'ouie, etc. , continuent à s'exercer pour l'autre œil. De la même manière, un des côtés du cerveau peut n'être plus dans le cas de remplir ses fonctions , et l'autre côté en conserver Ja faculté. Les fonctions du cerveau peuvent, comme dans les nerfs des cinq sens, être troublées d'un côté et rester intactes de l'aulne. Nous connaissons des faits très-positifs où les deux hémisphères et, par conséquent, leurs fonctions se sont trouvés dans un état très-différent. C'est le même1 cas avec le cerveau qu'avec les autres parties du corps ; par conséquent, tous les organes des qualités primitives étant doubles, il n'est pas absolument impossible que dans les maladies et les lésions

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ires-graves du cerveau, toutes les qualite's fondamentales subsistent aussi longtemps que l'organe de telle qualité' fondamentale n'a pas e'té attaque' par la maladie, ni de'truit entièrement à la fois des deux côtés du cerveau.

2e. On prétend avoir observé des cas où le crâne étant complètement formé, ne contenait que de l'eau, ou, selon d'autres, dans certains hydrocéphales, la prétendue substance médullaire du cerveau était distendue en forme de vessie et désorganisée ; et, selon les uns et les autres, les facultés de l'aine et de l'esprit avaient continué à s'exercer.

Nous ne traitons pas ici cet objet en détail; nou» renvoyons les lecteurs à l'article hydrocéphale. Nous disons seulement à cette occasion que, dans les grandes hydrocéphales, le cerveau ne manque jamais , et que , dans des hydrocéphales considérables, les fonctions intellectuelles continuent à exister d'une manière surprenante, mais que la masse cérébrale n'est pas désorganise'e. Ceux des lecteurs qui ont étudié attentivement la structure des circonvolutions et des cavités cérébrales , doivent se rappeler que les fibres cérébrales se prolongent perpendiculairement par dessus les cavités cérébrales , et que deux couches de fibres forment toujours ce que l'on anpeile une circonvolution , de manière que les circonvolutions du cerveau ne sont autre chose que deux couches de nlamens nerveux appliquées l'une contre l'autre et prolongées perpendiculairement par dessus le contour des grandes cavités du cerveau. Si donc une grande quantité d'eau, dans les cavités cérébrales, agit contre les circonvolutions , elle écartera successivement les deux couches qui s'aplatissent de plus en plus à mesure que l'eau agit sur elles , et forment, quand elles sont entièrement déplissées , une surface étendue et horizontale. Or, les fonctions de l'âme ne dépendant pas essentiellement de la position verticale , horizontale ou courbée des fibres nerveuses, elles penvent continuer sans beaucoup d'altération, lorsque la pression de •Veau n'est pas trop forte ou n'agit que par degrés insensibles. Par conséquent, tout te qui a été mis en avant touchant les hydrocéphales, et l'absence ou la désorganisation du cerveau dans ces cas pour prouver que cette partie n'est pas exclusivement l'organe de l'âme, tombe de soi-même.

3°. Parmi les phénomènes que l'on a crus propres à prouver que le cerveau n'est pas exclusivement l'organe de l'âme , on a cité de prétendus cerveaux pétrifiés ou ossifiés qui n'ont pas empêché l'exercice des facultés intellectuelles.

Satisfaits d'avoir trouvé un moyen si décisif pour nous réfuter , nos adversaires aimèrent mieux admettre des fait» imaginaires que de les soumettre à un examen rigoureux.

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On nous a moatré en difierens endroits, à Vienne , à Leip-sick, à Amsterdam, à Cologne, à Paris, de ces prétendus cerveaux ossifie's, toujours dans l'intention de combattre notre assertion que le cerveau est l'unique organe des sentimens moraux et des faculte's intellectaeJles.

M. Dumas soutient que les cerveaux ossifie's réfutent complètement notre doctrine sur l'organe de l'âme et de l'esprit, puisque, selon le récit de Duverney, le bœuf avait conservé toute son intelligence. Par conséquent, la croyance aux cerveaux ossifiés est bien loin d'être détruite, même chez les physiologistes et les médecins ; nous devons donc traiter cet objet avec quelque détail.

Ces prétendus cerveaux ossifiés ne sont pas aussi rares que quelques-uns l'ont pensé, ce que prouve le nombre même de ceux que nous avons eu occasion de voir. Thomas Bartho-lin , en 1660 , raconte un pareil fait. En 1670, on tua, dan» un bourg , près de Padoue , appartenant aux religieux de Sainte-Justine , un bœuf dont le cerveau se trouva pétrifie' et converti en une matière aussi dure que le marbre. Ce bœuf était resté toujours maigre quoiqu'il mangeât avec avidité tout ce qu'on lui présentait ; il portait sa tête toujours basse et il chancelait en marchant. Duverney fit voir à l'académie , en 177*5, le cerveau pétrifié d'un bœuf; ce bœuf était fort gras et si vigoureux qu'il avait échappé quatre fois au boucher qui l'assommait. Donc l'animal avait conservé la faculté d'exercer librement toutes ses fonctions. On trouve dans la Gazette de Santé (2 nov. 1800, n°. 32), l'histoire d'un prétendu cerveau ossifié que le docteur Giro apporta à M. Moreschi, professeur d'anatomie humaine à Rovigo j selon le procès-verbal rédigé à Rovigo , sur les circonstances antérieures et postérieures à la mort de cet animal , le bœuf auquel appartenait ce cerveau ossifié , avait les mêmes inclinations que tout autre bœuf à cerveau sain.

On ne peut mieux réfuter l'existence de ces prétendus cerveaux ossifiés que ne l'a fait Vallisneri. Si les médecins, les anatomistes et les physiologistes qui se présentent avec des observations de ce genre, ou qui, pour les appuyer, citent même Vallisneri, avaient étudié les ouvrages de cet auteur, ils n'auraient pas aussi légèrement compromis l'honneur de leurs connaissances physiologiques et de leur esprit d'observation.

Vallisneri fait voir d'abord qu'il ne peut être question d'aucune pétrification du cerveau, et que ce que l'on en a dit doit sa naissance à l'ignorance d'un frère bénédictin. Il prouve ensuite que ces masses osseuses ne sont pas des cerveaux ossifiés ; mais de simples excroissances du crâne : it

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démontre qu'ils ne sont pas aussi rares, comme Dnverney l'a cru ; il cite cinq exemples semblables observe's dans un peut .district d'Italie ; il reproche à Duverncy de n'avoir examiné que la surface extérieure, et d'avoir néglige'la structure intc-neure ; il dit qu'une des excroissances osseuses qu'il a en sa possession, ressemble plus à un cerveau de bœuf que la prétendue cervelle ossifiée de Duverney, et que, néanmoins , les élévations et les enfoncemens de cette excroissance ne peuvent se comparer nullement aux circonvolutions d'unvé-ritablc cerveau de bœuf; que dans l'intérieur on ne découvre rien que l'on puisse mettre en parallèle avec le plexus cho-roidien , ni avec aucune autre partie inte'rieure du cerveau d'un bœuf. Il reproche à Duverney et à l'Acade'mie des sciences , de s'en être rapportés aux paroles d'un boucher. Si Duverney avait ouvert le crâne, il eût trouvé le cerveau existant indépendamment de l'excroissance osseuse. Il ajoute qu'un boucher de P.îodène, ayant procède' avec plus de soin, rencontra le cerveau et l'excroissance.

Il faut encore remarquer que Duverney indique, comme glande pin cale ossifiée, une partie qui d'abord est bien plus grosse que n'est la glande pinéale du bœuf. Ensuite, la glande pinéale e'tant située dans l'intérieur du cerveau, et cette excroissance n'ayant pas e'té ouverte, il est évident qu'on ne peut pas apercevoir la glande pinéale à l'extérieur. La par-tic qu'il suppose être le cervelet et son appendice vermicu-Jaire ne ressemblent nullement à ces parties.

Vallisneri fit .graver la figure de l'excroissance de Duverney , et celles des excroissances qu'il avait vues avec celle d'un véritable cerveau de bœuf; il représenta celle-ci par dessus, par dessous et coupe' verticalement dans la ligne médiane, afin que l'on sentît mieux la différence.

MM. Giro et Moreschi avouent qu'ils n'ont découvert aucun vestige de nerfs dans le prétendu cerveau ossifié qu'ils ont examiné, et cependant le bœuf avait tous les sens extérieurs intacts.

Ainsi tous les prétendus cerveaux pétrific's ou ossifiés, que l'on a rencontrés jusqu'àprésent, ne sont que des excroissances osseuses qui se forment ou seulement à la surface intérieure du crâne, ou seulement à la surface extérieure, ou enfin aux deux surfaces extérieure et intérieure à la fois.

Quelques-unes consistent en une substance assez molle et spongieuse , la plupart sont dures comme de l'ivoire; elles sont, à leur surface, plus ou moins gibbeuses, à peu près comme des cboufleurs. Ces gibbosités sont prises par l'observateur superficiel pour les circonvolutions mtestiniformes du cerveau, mais on ne découvre jamais la forme d'aucune par-

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tie du cerveau, ni à la surface supe'rieure , ni à la surface inférieure de ces excroissances, ui quand on les coupe en deux.

Quant à l'influence que ces excroissances osseuses exercent sur l'e'tat de santé', il est vrai que l'homme et les animaux peuvent vivre pendant de longues anne'es et jouir de plusieurs fono-ions j mais on va trop loin, quand on alîirme que les fonctions de l'âme n'en soulfreut nullement. Dans tous les exemples, excepté celui que rapporte Duvcrney et qu'il n'a pas observé lui-même , on remarque au moins les mêmes symptômes qui ont lieu dans d'autres pressions e'prouve'cs par le cerveau. Il est probable que le cerveau n'est pas comprime' en raison, de l'accroissement de l'excroissance osseuse , mais que les caviîe's du crâne s'e'largissent peu à p_cu, comme il arrive au<c cavités cérébrales dans les hydropisies du cerveau.

Il résulte'de tout ce que nous venons de dire, que tous les cas où l'on pre'tend que le cerveau était ossifié sans que les facultés intellectuelles fussent dérangées , doivent leur origine à la connaissance défectueuse de l'anatomie et de la physiologie, et surtout aux observations inexactes , et à un amour excessif du merveilleux. Les exemples ne peuvent donc nullement ébranler nos principes sur l'organe de l'âme.

Après avoir démontré que le cerveau est exclusivement !c siège des facultés morales et intellectuelles , il faut encore exn-miner si, dans la manifestation de ces facultés, le cerveau agit tout entier, ou si une portion particulière est affectée à la manifestation de chacune des factdtés ?

Nous nous arrêterons à quelques considérations qui prouvent que la nature n'est pas autant attachée à un agent unique d'action que quelques philosophes spéculatifs se sont plu a le dire. i°. C'est une observation générale que la nature, en variant les effets, a toujours créé des instmmens matériel* différens pour les produire ; c'est ce qu'on observe dans tous les règnes de la nature, et dans l'organisation des animaux en particulier. Il y a, par exemple, un organe différent pour chaque fonction de la vie automatique ; le cœur préside à la circulation , le poumon à la respiration, le foie à la sécrétion de la bile, etc. Les nerfs des cinq sens extérieurs diffèrent si évidemment sous le rapport de leur conformation et celui de leur action vitale, que la nature ne varie jamais dans la disposition qu'elle a établie, et qu'elle n'envoie jamais un nerf à l'organe qui doit en recevoir un autre. Cette pluralité des organes de la vie automatique et surtout des cinq sens extérieurs , ont déjà une analogie qui rend vraisemblable que les différentes facultés de l'âme et de l'esprit sont manifestées par différentes parties du cerveau.

2°. Dans l'échelle des êtres, le» faculté» morales et inM-

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Icctuelles sont très-différentes, par conséquent, il est im-, possible que tous les animaux aient la même organisation. cérébrale j et si le cerveau n'e'tait pas compose d'organes particuliers , on ne verrait pas les intelligences s'accroître à mesure que les cerveaux sont plus composes.

3°. Tons les hommes et tons les individus de la même espèce d'animaux sont en ge'ne'ral forme's d'après le même plan; comment pourrait-il y avoir autant de variétés dans les facultés des uns et des autres, si elles n'étaient le résultat que d'un seul organe que tous possèdent également ?

4°. Les individus de la même espèce, par exemple les hommes, ne possèdent jamais toutes les facultés au même degré , cependant cela devrait être, si le même organe e'tait chargé de les manifester. Comment l'âme , avec le même instrument, pourrait-elle exécuter telle faculté dans un degré exquis, et telle autre d'une manière bornée?

5°. Les facultés de l'âme et de l'esprit ne se manifestent pas simultanément dans le même degré, mais it y a des inclinations et des facuîtés propres à chaque âgej ce qui ne pourrait être, s'il n'y avait qu'un seul organe.

6°. Une élude longtemps continuée sur le même objet fatigue, mais en variant l'objet du travail, l'esprit reprend de nouvelles forces. Or, si le cerveau n'est quun seul organe exécutant tous les actes de l'âme et de l'esprit, comment un nouveau sujet de méditation n'augmentc-1-il pas la fatigue, au b'eu de procurer un délassement ?

7°. Les rêves confirment la pluralité des organesj car le rêve n'est qu'un état d'action d'un ou de plusieurs organes pendant que les autres sont endormis, et le rêve est d'autant plus composé, qu'il y a d'organes éveillés.

8°. Il ne serait pas possible de concevoir les phénomènes du somnambulisme, si le cerveau n'élait qu'un seul organe, et norijbne réunion de plusieurs, affectés chacun à une faculté particulière.

g°. Les aliénations partielles de l'esprit ne pourraient point avoir lieu, s'il n'y avait qu'un seul organe de l'âme. Mais quelquefois la manifestation d'une seule faculté est altérée, taudis que les autres facultés se manifestent d'une manière parfaite ; quelquefois, au contraire, toutes les fonctions de l'âme et de l'esprit sont dérangées, excepté une seule.

Il est donc démontré que le cerveau n'est pas un tout unique, mais un assemblage d'autant d'organes, qu'il y a de facilités particulières.

Cette vérité que l'âme a autant d'organes différons qu'elle peut exercer de facultés différentes, a été présentée tres-au-«ienncmcnt; plusieurs ont même fait graver de? planches dans

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lesquelles sont marqués les sieges particuliers du sens commun, de l'imagination, de la mémoire et du jugement. Mais nous irions trop loin si nous voulions entrer dans quelques détails , et chercher la raison pour laquelle on n'a jamais pu assigner un siège précis à une faculté morale ou intellectuelles quelconque. Nous ne parlerons pas non plus de notre division des facultés morales et intellectuelles , ni des moyens qn'il fallait employer pour déterminer les facultés fondamentales et leurs organes respectifs. Nous nous bornons ici aux idées générales , et nous croyons avoir prouvé que le cerveau est exclusivement l'organe des facultés morales et intellectuelles, et que chaque partie du cerveau est affectée à une faculté particulière.

(GALL, et SPURZHEIM)


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